La jalousie est un sentiment qui, quand il prend le dessus dans la vie d’une personne, peut devenir omniprésent et entraîner une souffrance importante, tant chez celui qui le ressent que chez celui qui en est le destinataire. Devant la puissance qu’exerce la jalousie, les questions peuvent être nombreuses : Est-ce que la jalousie peut se contrôler ? S’agit-il d’une maladie ? Est-ce que la jalousie se soigne ?
Qu’est-ce que la jalousie ?
Le Larousse propose de définir la jalousie comme étant un « sentiment fondé sur le désir de posséder la personne aimée et sur la crainte de la perdre au profit d’un rival. » On la trouve de ce fait particulièrement présente dans la sphère amoureuse, mais il n’est pas rare de la trouver à l’œuvre dans d’autres relations telles qu’entre frères et sœurs, ou bien entre amis, ou encore avec ses parents.
La notion d’excès qu’elle comporte est capitale et vient distinguer la jalousie normale de la jalousie pathologique. Alors que la première reste mesurée et ne vient pas déteindre sur la relation avec l’autre, la seconde prend le pas sur celle-ci, et la relation finit par ne tourner qu’autour de la suspicion et des recherches de preuves du jaloux, qui n’est jamais rassuré.
La jalousie est-elle contrôlable ?
Le plus souvent, une personne éprouvant de la jalousie parvient rapidement à faire la distinction entre ce qu’il imagine – ses craintes, ses projections sur la personne aimée- et qu’il sait appartenir à sa vie interne, et son couple tel qu’il est dans la réalité. Cette distinction lui permet de ne pas encombrer son partenaire et la relation qu’il entretient avec lui de trop de jalousie, et donc de maintenir une relation équilibrée.
Mais pour certains, cette distinction, bien qu’elle soit clairement identifiée, ne parvient pas à être rassurante et la recherche de preuves de réassurance devient nécessaire et urgente. Dès lors, la jalousie éprouvée devient hors de contrôle et échappe à tout effort de la maîtriser. Le jaloux soupçonne des zones d’ombre « échappant à son emprise » (p.7) [1]. Le besoin de posséder l’autre se fait croissant, et l’angoisse de le perdre tout aussi importante. La menace de potentiels rivaux devient constante.
La jalousie, sentiment normal ou pathologique ?
La jalousie prend racine dans les conflits infantiles restés incomplètement résolus. Elle est en lien avec la rivalité œdipienne. Elle est un sentiment normal dans la mesure où elle n’envahit pas la relation amoureuse et n’entraîne pas une souffrance chez l’un ou l’autre des partenaires.
En revanche, elle devient délirante et revêt un caractère pathologique lorsque la conviction du jaloux l’emporte sur ce qu’il sait être circonscrit à sa vie interne. Cette conviction se traduit rapidement par une multiplication de stratagèmes visant à contrôler l’autre dans la réalité : comportements de détective, vérifications incessantes, interrogatoires, etc. La menace est devenue constante, même en l’absence de preuves, et la suspicion également.
Quels remèdes à la jalousie ?
La jalousie, qu’elle soit du registre du normal ou du pathologique, peut entraîner une souffrance importante qui devient difficile à supporter avec le temps. Lorsque c’est le cas, commencer une psychothérapie ou une psychanalyse peut permettre de progressivement dénouer les nœuds ayant entraîné l’apparition de ce sentiment. Ce travail, lorsqu’il est mené à bien, peut avoir des répercussions positives importantes pour celui souffrant de jalousie tout comme pour la personne se trouvant être la cible d’une jalousie ressentie comme excessive. L’un comme l’autre ont leur place en cabinet de consultation.
Paris, le 10 octobre 2019
Chloé Blachère
Psychologue clinicienne et psychothérapeute
[1] Assoun P.-L. Leçons psychanalytiques sur La Jalousie, Paris : Anthropos, Economica, 2011.