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Récemment, une personne venue me rencontrer mentionnait la réponse qu’avait été celle de son médecin généraliste lorsque celle-ci lui avait demandé les coordonnées d’un professionnel de soin psychique : « Mais qu’est-ce que vous allez perdre votre temps et votre argent à aller voir un de ces charlatans ? Vous allez parler de votre enfance, de votre père, de votre mère, et après ? », pour finalement refuser de lui transmettre des coordonnées, et lui prescrire anxiolytiques et antidépresseurs, alors même que le patient lui répétait ne pas souhaiter être médiqué. En effet, une expérience similaire quelques années plus tôt l’avait conduit au constat que si la médication avait permis le soulagement des symptômes qui le faisaient souffrir – soulagement bienvenu au regard des manifestations d’angoisse et phobiques envahissantes et invalidantes dans son quotidien -, elle n’avait pas permis de les résoudre et n’avaient fait que mettre un voile qui le maintenait dans une dépendance aux médicaments : tant qu’il les prenait, tout allait bien, lorsqu’il ne les prenait plus, les angoisses revenaient. Dans le temps était même apparu une accoutumance qui amoindrissait leur effet.


Je suis toujours surprise de la facilité avec laquelle certains professionnels franchissent les limites de leurs compétences et de leur champ opératoire. Appelle-t-on un gastroentérologue pour soigner une fracture de la cheville ? Au même titre que le professionnel occupant la position de psychothérapeute ou de psychanalyste n’a pas la compétence de l’acte médical, le médecin généraliste n’a pas celle du traitement des symptômes psychiques. Il ne s’agit pas là d’un manque de compétence mais tout simplement de reconnaître que sa formation n’est pas prévue pour cela.


Ce constat qu’un professionnel, de par la spécificité de sa spécialité, ne peut se substituer à un professionnel d’un autre champ clinique, s’il est reconnu comme tel, est une excellente nouvelle car il ouvre la voie à une complémentarité dans la prise en charge, seul gage que les champs opératoires que sont l’organisme, le corps, et le psychisme, ne sont pas confondus. Il permet d’affiner la proposition de soin et de tendre vers une réponse humanisante.


Cette approche clinique a été théorisée par Fernando de Amorim sous le nom de « clinique du partenariat » et révèle quotidiennement que le dialogue entre médecins et psychanalystes, la reconnaissance de leurs compétences respectives et la complémentarité de leurs champs d’action clinique est directement profitable aux personnes venues les consulter (1).



(1) Amorim (de), F. (2009). « La tendance des médecins à peu de soin », https://www.rphweb.fr/details-la+clinique+du+partenariat+sur+paris+75+la+tendance+des+medecins+a+peu+de+soin-101.html.


Amorim (de), F. (2020). « Pour une clinique du partenariat », https://www.fernandodeamorim.com/details-la+clinique+du+partenariat+-+paris+9eme-546.html.


Legouis, J.-B. (2014). « Comment parler avec les médecins ? », https://www.rphweb.fr/details-la+clinique+du+partenariat+entre+medecins+et+psychanalystes+a+paris+12eme-206.html.


Chloé Blachère

Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18e