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Certains parents établissent très tôt un rapport de dépendance avec leurs enfants, qui déborde celui qui est inhérent à la relation parent-enfant des premiers temps de la vie d’un être humain.

En effet, si les enfants se trouvent dans un rapport évident de dépendance à leurs parents, la profonde asymétrie qui lie ces êtres ne doit précisément pas être perdue de vue. C’est pourtant très souvent le cas.


L’immaturité de l’être humain à sa naissance

L’être humain qui vient au monde n’a que peu de chances de survie sans l’aide d’un autre. Cette relation de dépendance dure pour lui des années et le distingue de la plupart des autres espaces vivantes. Ce rapport de dépendance est d’ailleurs un terreau propice à tous les sentiments hostiles qui peuvent être éprouvés à l’encontre de ceux qui prennent soin de lui. Ces sentiments – de haine, d’injustice, d’insatisfaction, de déception, etc. – sont plus ou moins conscients, plus ou moins refoulés en fonction des personnes. Ils ne peuvent en tout cas qu’être nourris par le comportement dysfonctionnel de ceux qui les accompagnent pour grandir.


Comment distinguer un adulte d’un majeur ?

En marge de cette relation de dépendance, dont il n’est donc d’abord pas possible de s’échapper pour l’enfant puisqu’elle constitue une condition à son développement organique, corporel et psychique, certains parents usent de leur position d’autorité pour obtenir réconfort, écoute et assistance de la part de leurs enfants. Ces attentes, dont ils n’ont d’ailleurs parfois qu’une vague conscience, peuvent pourtant avoir de graves conséquences psychiques pour l’enfant, même devenu adulte.


C’est en ceci que Fernando de Amorim propose la distinction entre majeurs et adultes :

  • Le majeur met des enfants au monde mais n’assume pas la responsabilité qui lui incombe de leur permettre de construire progressivement et solidement leur indépendance, une indépendance responsable ;
  • L’adulte met au monde des enfants et en assume les conséquences dans la durée, en commençant par régler ses propres souffrances, qu’elles soient psychiques, corporelles ou organiques, et ce sans compter sur l’assistance matérielle ou affective de ses enfants. Il a un devoir d’exemplarité dans la position d’adulte.

Quel avenir pour l’enfant qui grandit ?

Un enfant doit pouvoir grandir avec comme perspective de faire des choix pour sa vie (choix d’un travail, d’un partenaire par exemple) en fonction de son désir et non en fonction de ses parents et des limites que ceux-ci lui imposent, que ces limites soient conscientes ou inconscientes. Il doit pouvoir grandir avec cette perspective d’une liberté qui ne soit pas limitée par ses parents (par culpabilisation, par injonction, par des reproches, par des plaintes, etc.) Lorsqu’un tel discours est présent chez les parents, c’est au psychothérapeute ou au psychanalyste qu’il convient de s’adresser et non à celui ou celle qui a été mis au monde. Un adulte qui compte sur son enfant pour porter les difficultés qu’il rencontre ne peut qu’entraver le développement et l’épanouissement de celui-ci, quel que soit son âge.


Chloé Blachère

Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è