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Des chiffres alarmants

Il y a quelques semaines, la publication des résultats d’une étude menée auprès de 12 723 femmes faisait état du fait que 16,7% des femmes présentent des signes de dépression post-partum dans les deux mois après avoir accouché (1).

Dans un article consacré aux résultats de cette étude, une sage-femme et chercheuse interviewée fait part de l’inquiétude des professionnels de santé concernant ce chiffre, ceci en raison du nombre important de femmes en situation de mal-être après leur accouchement, alors que pour la majorité de ces femmes, il s’agit de grossesses désirées (2).

Baby-blues ou dépression post partum ?

Le baby blues est un moment transitoire qui survient dans la semaine qui suit l’accouchement et qui dure entre une semaine et dix jours. Il concerne entre 30 et 80% des femmes qui viennent d’accoucher et se résorbe habituellement spontanément et rapidement.

Cependant, pour certaines de ces femmes, les manifestations apparues peu après leur accouchement – il peut s’agir de la perte d’envie, d’une tendance à s’isoler, d’un sentiment de tristesse profond – tend à s’installer et à s’inscrire dans la durée. Ces mères développent un sentiment d’incapacité à s’occuper de leur enfant, sentiment dont les conséquences concerneront à la fois la mère et l’enfant. Pour autant pour ces femmes, cet état de mal-être peut être difficile à accepter, tant pour elle-même que vis-à-vis de leur entourage. Souvent bien loin de l’idée qu’elles s’étaient faites de leur rencontre avec leur enfant, et bien souvent générateur de honte et de culpabilité, certaines préfèrent n’en rien dire et supporter en silence leur souffrance psychique, en espérant que celle-ci passe spontanément.

La souffrance maternelle : un appel à entendre

La pression sociale selon laquelle l’arrivée au monde d’un enfant est le moment le plus heureux qui puisse être donné de vivre à une femme est pourtant, et dans la grande majorité des cas, bien loin de l’expérience qu’en font lesdites femmes. Sans compter les bouleversements organiques et corporels propres à l’accouchement, les réaménagements psychiques qu’induit l’expérience de la maternité peuvent être profondément déstabilisants, et ne peuvent être anticipables.

L’ENCCM (Enquête Nationale confidentielle sur les morts maternelles) révèle que le suicide est la première cause de mortalité maternelle, aux côtés des maladies cardio-vasculaires. Dans la plupart des cas, des signes étaient observables avant le passage à l’acte fatal. Ces chiffres alarmants ne font que rappeler que la santé maternelle ne se limite pas à la prise en charge médicale obstétricale (3).

Pour prévenir ces passages à l’acte, il a été mis en place, depuis juillet dernier, un entretien d’environ une heure avec un médecin généraliste ou une sage-femme. Cet entretien est prévu pour avoir lieu entre la quatrième et la huitième semaine après l’accouchement. Il porte sur la manière dont la femme a vécu son accouchement et les jours qui ont suivi. Il est aussi une occasion d’évoquer l’environnement de celle-ci, et de détecter d’éventuelles violences. Cet entretien exploratoire constitue un temps précieux permettant de mettre en place la prise en charge d’une femme lorsqu’elle s’avère nécessaire.

En marge de cela, la rencontre avec un psychanalyste, qu’elle soit recommandée par l’équipe médicale qui entoure la femme ayant récemment accouché, ou bien que la démarche soit de la propre initiative de celle-ci, cette rencontre ouvre à la possibilité, pour cette femme, de parler ses pensées, jusqu’aux plus déroutantes, voire inconvenantes, et souvent inquiétantes, que ce soit pour elle-même ou pour son entourage (familial, amical, mais aussi médical). La formation théorique et clinique du psychanalyste, associée à la psychanalyse personnelle que celui-ci poursuit tant qu’il a une activité clinique (4), offrent un socle solide à l’expression de ces pensées qui, dites et associées librement en séance, tracent progressivement la trajectoire qui conduira à apaiser la souffrance éprouvée.


(1) Enquête nationale périnatale 2021, https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2022/sante-publique-france-partenaire-de-la-6e-edition-de-l-enquete-nationale-perinatale

(2) « La dépression post-partum, un mal enfin mesuré en France », Pascale Santi. Article publié le 14 novembre 2022, https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/11/14/la-depression-post-partum-un-mal-enfin-mesure-en-france_6149785_1650684.html

(3) « Les morts maternelles en France : mieux comprendre pour mieux prévenir. 6e rapport de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM) 2013-2015 », publié le 6 janvier 2021, mis à jour le 25 janvier 2021, https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-cardiovasculaires-et-accident-vasculaire-cerebral/maladies-vasculaires-de-la-grossesse/documents/enquetes-etudes/les-morts-maternelles-en-france-mieux-comprendre-pour-mieux-prevenir.-6e-rapport-de-l-enquete-nationale-confidentielle-sur-les-morts-maternelles

(4) Selon le dispositif mis en place par le docteur de Amorim, https://www.rphweb.fr/details-la+psychanalyse+sans+fin+pour+le+psychanalyste-152.html

Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è