Prendre rendez-vous en ligneDoctolib


Les raisons qui conduisent un être à rencontrer un clinicien sont variées, d’un mal-être circonstanciel à un mal de vivre fondamental. Dans tous les cas, le clinicien accueille cette souffrance et conduit les cures (psychothérapie ou psychanalyse) au moyen de techniques et de méthodes qui lui ont été transmises. Transmises, elles le sont tant par la formation universitaire initiale qu’est la sienne que par l’éthique qui le conduit à actualiser ses connaissances (groupes d’études, participation et interventions à des journées d’études et des colloques, publications, séminaires de travail, lectures, supervisions individuelles et supervisions de groupe, réunions cliniques) et la poursuite de sa psychanalyse personnelle.



Tous ces éléments ne sont donc pas mis en place en réponse à une obligation légale pour le professionnel ayant obtenu son diplôme de psychologue, de psychothérapeute ou bien de psychiatre. En revanche ils sont le fruit de l’engagement éthique d’un clinicien envers les personnes qui viennent le consulter, et envers lui-même. Ceux sont ces mêmes éléments qui accordent au clinicien l’autorité du transfert, c’est-à-dire la légitimité d’intervenir en séance, même si ces interventions ne plaisent pas au Moi du patient (en psychothérapie) ou du psychanalysant (en psychanalyse). Parce qu’elles ne plaisent pas au Moi, ces interventions sont parfois saisies par le patient ou le psychanalysant comme un argument pour abandonner sa cure, et faire du clinicien l’objet imaginaire de la haine éprouvée. Pourtant, ces interventions, quand elles ont lieu, sont guidées par une théorisation, et visent toujours à faire avancer la cure. Il y a donc tout lieu, pour qui désire savoir, de venir associer librement ces affects éprouvés, qu’aura éveillé l’intervention du clinicien.


Une illustration : une patiente demande, au début de sa séance, à aller aux toilettes. Lorsque le clinicien examine cette demande, la patiente répond que c’est pour uriner. Plutôt que de répondre à sa demande, qu’elle-même estime pouvoir différer, le clinicien l’invite à associer librement « uriner ». La patiente, quant à elle, plutôt que de céder à la vexation d’abord éprouvée, saisit l’intervention du clinicien et découvre, au fil de ses associations de pensées, une culpabilité ancienne rattachée à la sexualité. A la séance suivante, elle remercie le clinicien d’avoir fait son travail car pour la première fois de sa vie, elle a pu avoir un orgasme avec son partenaire sexuel, ce qu’elle met directement en lien avec ce dont elle a parlé lors de cette séance.


En psychothérapie ou en psychanalyse, le champ clinique est celui de la parole et des associations libres de pensées. Aussi la colère, l’incompréhension, la surprise, le désaccord, sont autant d’éléments à parler en séance et à mettre au travail des associations libres, de sorte, plutôt que de nourrir une haine imaginaire, de faire fructifier le désir de ne plus souffrir et/ou le désir de savoir, désirs qui ont conduits un être à venir consulter.


L’autorité du transfert dont fait usage le clinicien à travers ses interventions est au service de ces avancées, n’en déplaise au Moi qui n’en veut rien savoir. La garantie de cela, pour le patient comme pour le psychanalysant, est le prix payé par le clinicien qui l’écoute, prix qui prend la forme d’un engagement théorique à travers l’actualisation de ses connaissances et la supervision de son travail clinique, et d’un engagement personnel à travers la poursuite de sa propre cure.


Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è