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Qu’est-ce que le ghosting ?



Le ghosting, ou fantômisation en français, correspond au fait de cesser une relation en ne donnant plus signe de vie et en ignorant les tentatives de prise de contact de la personne « ghostée ». C’est un terme relativement récent puisque l’on situe son apparition aux années 2000 et sa popularisation à partir de 2010.


Pour quelles raisons ghoster ?

Le ghosting est répandu dans toutes les interactions humaines : relations amoureuses, vie amoureuse, liens amicaux, familiaux, sociaux, médicaux, ou encore vie professionnelle.


Si cette pratique tend à se banaliser, ne vient-elle pas exprimer le mode particulier de rapport à soi-même et à l’autre qu’elle tend à instaurer ?


Un rapport où l’autre n’est plus considéré comme un alter ego mais où il est davantage chosifié, c’est-à-dire identifié comme étant utile à soi, ou non utile et alors ignorable ;


Un rapport où la peur – consciente ou inconsciente – que fait naître la rencontre avec l’autre qui pense et vit différemment de soi peut, même en étant consciemment ignorée, faire préférer la fuite ;


Un rapport où la colère, présente en amont mais pas toujours connue de soi-même, colère parfois éveillée dans l’actuel de la rencontre avec l’autre, peut faire ressurgir l’écho des premières expériences d’altérité, et la souffrance qu’elles ont pu occasionner, à un âge où il n’était pas encore possible de s’en protéger ;


Ou encore, dans la rencontre clinique, une décision de l’être de ne pas aller du côté de son désir de savoir ce qui le fait souffrir et l’a conduit à rencontrer un clinicien, et d’ignorer la rencontre clinique en pensant que cette ignorance, ce ghosting, règlera sa souffrance.



Pourtant, ignorer la souffrance ne la fait pas disparaître. Et les plus courageux, lorsqu’ils le réalisent, même lorsqu’ils ont eu d’abord recours à la pratique du ghosting, se remettent au travail d’associer librement leurs pensées en psychothérapie ou en psychanalyse, ayant saisi cette fois que ce n’est pas le clinicien qui est en jeu dans leur cure (leur psychothérapie ou leur psychanalyse), mais leur rapport à eux-mêmes et à l’autre, et ce qu’il implique : leurs peurs, leur haine, leur désarroi, leurs doutes, leurs colères, leurs frustrations, leurs identifications, leurs incompréhensions, leur orgueil, leurs souffrances, leurs idéalisations, leurs méfiances, leurs projections, etc.


Le dispositif clinique de la psychothérapie et de la psychanalyse permet, à qui en a le désir, d’aller à la rencontre de ces parts fantômisées de soi-même plutôt qu’à les agir dans le réel de sa vie. En avoir le désir ne signifie pas qu’il s’agit d’un travail agréable.


Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è