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Un certain nombre de personnes hésitent à franchir le pas d’aller consulter, ayant peur de rentrer dans une relation de dépendance, voire d’emprise envers leur psychothérapeute.


Si en effet certaines pratiques thérapeutiques viennent renforcer une dépendance à l’autre, ce n’est pas le cas de toutes.


La psychothérapie et la psychanalyse sont précisément des dispositifs dont la visée est, pour le premier l’apaisement des souffrances qui ont conduits une personne à rencontrer un clinicien, et pour le second la construction de « sa responsabilité de conduire aussi sa destinée », selon la formulation proposée par le docteur de Amorim (1). La responsabilité vis-à-vis de soi-même, et avec elle la capacité à prendre des décisions et à faire des choix, est donc au cœur même de l’une et de l’autre.



La notion d’emprise indique une relation de domination, intellectuelle ou morale. Or en clinique, il n’existe pas de maître, donc pas de domination. Du côté du clinicien, ce qui lui permet de veiller à ne pas occuper une position de maître est sa formation, initiale puis celle qu’il poursuit une fois diplômé, mais aussi la supervision régulière de son travail clinique, et son éthique à continuer lui-même sa psychanalyse personnelle, et ce tant qu’il continue à recevoir des patients (en psychothérapie) et des psychanalysants (en psychanalyse). En effet, un clinicien est un être humain. Il est donc animé de pulsions agressives et sexuelles comme n’importe quel être humain. De ce fait, la position de psychanalysant qu’il continue d’occuper constitue l’espace au sein duquel ses pulsions peuvent être parlées et associées librement, et non pas agies au sein de sa consultation. Et lorsqu’un patient ou un psychanalysant essaie de l’installer dans une position de maître en le pressant à lui communiquer des connaissances par exemple, ou des explications, ou encore des conseils, ces différents dispositifs préalablement mis en place permettent au clinicien de ne pas répondre à sa demande et par la même, de ne pas occuper la position de maître à laquelle il est sollicité. Il invite alors le patient ou le psychanalysant à reprendre la route de ses associations libres de pensées.



Une confiance, même minime, est suffisante pour que le travail clinique puisse se dérouler. Et il est un moment important de la cure, dont nul ne sait s’il se présentera ni quand, lors duquel le patient ou le psychanalysant saisit que ce dont il est question dans sa cure n’est pas d’aller contre le cadre clinique de sa psychothérapie ou de sa psychanalyse ou contre le clinicien qui en a la responsabilité, mais qu’il est question de lui-même et de ce qui se passe dans son appareil psychique et qui le fait souffrir. Or ce sont ses associations libres de pensées qui vont le conduire à rencontrer d’une manière plus intime des éléments moins gratifiants de lui-même : ses doutes, ses peurs, ses colères, ses incompréhensions, ses contradictions, et ce faisant apprendre, en prenant appui sur sa psychothérapie ou sa psychanalyse, à construire avec la complexité de son être et le désir qui l’anime.


(1) Amorim (de), F. « Rien », 2023, https://www.fernandodeamorim.com/details-rien-781.html


Chloé Blachère

Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è