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Le désir en psychanalyse

En psychanalyse, le désir désigne « à la fois la tendance, le souhait, le besoin, la convoitise, l’appétit, c’est-à-dire toute forme de mouvement en direction d’un objet dont l’âme et le corps subissent l’attrait spirituel ou sexuel. » (1) Dans une perspective freudienne, il correspond à la fois à la tendance vers un souhait inconscient et à son accomplissement.


Les symptômes correspondent à des formations de compromis visant la satisfaction d’un désir inconscient (2). Ils répondent donc à une logique psychique inconsciente, ce qui explique la raison pour laquelle, en psychanalyse, la suppression du symptôme n’est pas visée comme telle. Un symptôme tu dans la hâte se trouvera déplacé sous une autre forme permettant de continuer d’assurer la décharge libidinale qui lui revenait. C’est seulement lorsqu’une nouvelle voie libidinale aura été construite que la voie symptomatique n’aura plus de raison de continuer d’exister et sera alors abandonnée.

Notons par ailleurs que le désir fonctionne avec le manque. Roland Chemama et Bernard Vandermersch définissent même le désir comme correspondant au « manque inscrit dans la parole et effet de la marque du signifiant sur l’être parlant. » (3)


Quelle distinction entre besoin et désir ?

Il est courant que le besoin et le désir soient associés, voire confondus. Pourtant, l’un et l’autre n’obéissent pas à la même dynamique. Voici la distinction qu’en proposent Laplanche et Pontalis :


« Le besoin vise un objet spécifique et s’en satisfait. La demande est formulée et s’adresse à autrui ; si elle porte encore sur un objet, celui-ci est pour elle inessentiel, la demande articulée étant en son fond demande d’amour. Le désir naît de l’écart entre le besoin et la demande ; il est irréductible au besoin, car il n’est pas dans son principe relation à un objet réel, indépendant du sujet, mais au fantasme ; il est irréductible à la demande, en tant qu’il cherche à s’imposer sans tenir compte du langage et de l’inconscient de l’autre, et exige d’être reconnu absolument par lui. » (2)


Nous voyons en quoi le rapport à l’objet, Réel ou Imaginaire, distingue le besoin du désir, et dans quelle mesure l’un obéit à une logique biologique là où l’autre est adossé à la question du langage et à son incomplétude.
L’entrée en psychanalyse signe le désir de savoir d’un être et le décale du simple champ du besoin. Elle constitue le premier pas de sa construction subjective.


(1) Roudinesco, E. & Plon, M. « Désir », in Dictionnaire de la psychanalyse, Le Livre de Poche, Paris, 2011.
(2) Laplanche, J. & Pontalis, J.-B. « Désir », in Vocabulaire de la psychanalyse, puf, Paris, 2009.
(3) Chemama, R. & Vandermersch, « Désir », in Dictionnaire de la psychanalyse, Larousse, Paris , 2018.


Docteur Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è