Certaines personnes entreprennent d’aller rencontrer un clinicien – psychothérapeute ou psychanalyste – avec l’intention d’être « pris en charge ». Et en effet, un certain nombre de dispositifs sociétaux vont dans ce sens, notamment avec les « séances psy » prises en charge par la sécurité sociale ou par les mutuelles.
Pourtant, cliniquement, l’un des éléments venant attester de l’engagement d’un être avec son traitement et donc avec lui-même correspond au fait que cela lui coûte. Ce prix à payer symbolique est matérialisé par de l’argent pour un adulte, et il peut l’être par un dessin, par exemple, pour un enfant.
Être pris en charge laisse imaginer à certains que le simple fait de se rendre chez un clinicien produit des effets thérapeutiques. Or, si cette démarche peut effectivement marquer un pas important en faveur de la reconnaissance d’un être de sa propre souffrance et de sa décision de s’en occuper sans plus continuer à faire comme si cette souffrance n’existait pas, ce premier pas n’est pas suffisant pour régler cette souffrance.
La part de responsabilité du clinicien est celle de conduire la cure de l’être qui vient le rencontrer. Cela ne signifie pas que le patient – en psychothérapie – ou le psychanalysant – en psychanalyse – n’est plus responsable de ce qui lui arrive dans sa vie. La démarche d’entreprendre un travail psychique va même dans le sens inverse : celui de se prendre en charge, sans plus compter sur l’autre, mais en comptant avec lui.
La responsabilité du patient ou du psychanalysant est donc avant tout de venir à ses séances, d’associer librement ses pensées au cours des séances, même si celles-ci lui déplaisent ou qu’il n’en comprend pas l’agencement, et de se saisir des indications cliniques que le clinicien met à sa disposition à mesure que le travail se déroule. La responsabilité qui revient au clinicien est, quant à elle, de faire usage des techniques permettant la progression des cures qui lui sont confiées, et de veiller au respect de la règle d’association libre chez le patient ou le psychanalysant.
L’engagement avec lui-même de l’être en souffrance est déterminant. Cet engagement peut être concomitant avec son arrivée en psychothérapie mais il peut également prendre des mois ou des années, voire ne jamais advenir. Il n’en reste pas moins un élément déterminant concernant les effets de sa cure.
Docteur Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è