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L’une des tendances humaines très répandue et avec laquelle un certain nombre de personnes arrivent en consultation consiste à reprocher à un autre, voire à tous les autres, ses propres malheurs, déconvenues, frustrations, déceptions, et à adopter une posture de victime. Toute situation est alors lue de cette manière : une relation amoureuse qui tourne court, une difficulté à s’engager dans une relation amoureuse malgré le désir de s’y engager, une vie professionnelle insatisfaisante, des projets qui n’aboutissent pas, etc.



Être victime concerne d’abord un statut juridique. Ce statut est déterminé par un juge en fonction d’un préjudice subi. De plus, il est circonstanciel, c’est-à-dire lié à un événement ou un contexte particulier. En dehors de cette reconnaissance juridique, la posture de victime est souvent utilisée par un être comme stratégie – consciente ou inconsciente – pour ne pas reconnaître sa part de responsabilité dans ce qui lui arrive, comme une justification plus ou moins consciente face à ses difficultés à construire sa vie.


Bien souvent, il existe une confusion entre la faute et la responsabilité. La faute invite à une lecture morale d’un acte ou d’une parole. L’effet qu’elle produit est le plus souvent celui d’un accablement. C’est pour cette raison qu’elle n’a pas sa place dans le champ clinique. A l’inverse, examiner la responsabilité d’un être a pour visée, dans le champ clinique, d’encourager un être à s’engager davantage avec lui-même et à reconnaître ses comportements, verbaux ou agis, qui nourrissent, de manière directe ou indirecte, le fait de se sentir victime d’un autre ou des autres.


Dans le cadre d’une psychothérapie ou d’une psychanalyse, lorsqu’un patient ou un psychanalysant saisit cette distinction entre faute et responsabilité et qu’il est prêt à s’engager avec lui-même, c’est-à-dire en responsabilité, il peut s’opérer un décalage avec sa première lecture et l’inconfort qu’il avait d’abord pu éprouver à se croire jugé par le clinicien. Ce dernier peut alors être investi comme un allié et non plus comme une figure contre laquelle se battre. Il n’est dès lors plus question d’une soif d’être reconnu par l’autre comme victime mais d’une reconnaissance de sa propre souffrance et de sa part de responsabilité dans cette souffrance.



Les interventions du clinicien deviennent alors autant d’occasions de faire évoluer la logique victimaire avec laquelle était lu le monde et sa propre vie jusqu’alors. Et de la même manière, les situations qui se présentent dans la vie deviennent des situations avec lesquelles composer, au cas par cas. Dégagé du prisme imaginaire et de son incidence dans son rapport aux autres, il devient possible de se comporter d’une manière respectueuse vis-à-vis de soi-même, en faisant les choix qui permettent de ne pas alimenter la possibilité de se victimiser. Une telle position implique de composer avec le Réel, mais également avec ses frustrations, ses incertitudes, et le manque.


Docteur Chloé Blachère

Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è