Qu’est-ce qu’une pulsion ?
En psychanalyse, la pulsion correspond à un processus dynamique qui vise son accomplissement. Sigmund Freud a mis en lumière que celle-ci comporte une source, une poussée et un but. Sa source se situe dans un état de tension éprouvé sous forme d’une excitation corporelle. Sa poussée correspond à la charge énergétique qui va être déployée pour tendre vers son but ; il s’agit de la dimension motrice qui va être impliquée. Et enfin son but vise la suppression de l’état de tension éprouvé et qui se situe à la source de la pulsion.
La pulsion atteint son but au moyen d’un objet. En psychanalyse et dans le cadre de la théorie des pulsions, un objet peut correspondre à une personne ou bien à un objet partiel, et cet objet peut être fantasmatique ou bien réel.
Dans sa dernière théorie des pulsions, Freud oppose les pulsions de vie aux pulsions de mort (1). Les pulsions de vie correspondent aux pulsions sexuelles mais aussi, plus largement, aux pulsions d’autoconservation. Elles concernent toutes les pulsions qui œuvrent à la préservation de la vie. Les pulsions de mort, quant à elles, visent la réduction absolue des tensions et poussent donc l’être vers un état anorganique. Ces pulsions se déclinent sous forme d’agression ou de destruction. Elles peuvent être tournées vers soi sous forme d’autodestruction ou dirigées vers l’extérieur. Ici, le but est l’agression et la destruction de l’objet.
Quels destins aux pulsions ?
Ces pulsions cohabitent et produisent une conflictualité que tout un chacun peut éprouver quotidiennement. La question va dès lors concerner le destin de ces pulsions.
Le fait de ne pas choisir la voie la plus rapide menant à la jouissance demande un effort pulsionnel important. C’est un effort civilisationnel dont l’application se présente régulièrement et sous différentes formes au cours d’une journée. L’enjeu va dès lors être celui de supporter et de dépasser les multiples frustrations qui peuvent être éprouvées lorsque la pulsion n’est pas accomplie. Ces frustrations peuvent se présenter tant au niveau sexuel qu’au niveau alimentaire, ou plus largement au niveau des consommations ou des interactions. Sont concernés tous les objets qui vont, symboliquement ou réellement, entrer et sortir d’un être humain et impliquer l’un de ses orifices. Citons par exemple la nourriture, des toxiques (alcool, drogues), l’activité sexuelle ou encore la parole.
La limite, lorsqu’elle est franchie, fait se substituer la jouissance au plaisir. La dimension mortifère de la jouissance est identifiable par la destruction à l’œuvre et qui est agie malgré la souffrance qui lui est associée (se faire du mal à soi, nuire à l’autre).
Le sentiment d’être impuissant face à l’assaut pulsionnel éprouvé, l’impression de ne pas pouvoir faire autrement que de répondre à la tension pulsionnelle en l’accomplissant avec l’objet de prédilection, l’impulsivité, constituent des motifs pour commencer une psychothérapie ou une psychanalyse. Cette démarche est indiquée dès lors qu’un être souffre et désire s’inscrire autrement dans son existence qu’en cherchant à assouvir ses pulsions toutes les fois qu’il les éprouve.
(1) Freud, S. (1920). « Au-delà du principe de plaisir », in Œuvres complètes, Vol. XV, PUF, Paris, 1996, pp. 273-338.
Docteur Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è