Les masques de la haine
Fumer, boire avec excès, consommer des drogues, mal se nourrir, ne pas dormir suffisamment de manière chronique, se mettre dans des situations à risque, avoir des rapports sexuels non protégés, ne pas prendre soin de ses dents, ne pas consulter un médecin lorsqu’il y a des symptômes manifestes ou des situations inhabituelles qui méritent de lui être exposés… tous ces comportements et bien d’autres encore sont régulièrement banalisés tant ils sont fréquents. Chacun trouve des justifications plus ou moins sophistiquées permettant de les faire taire et de continuer à vivre « comme si » ces comportements n’avaient pas d’incidence.
Pourtant, toutes ces manières de traiter son corps, et les conséquences que ces traitements ont pour l’organisme, habitat sans lequel vivre n’est pas possible, donnent à apprendre du rapport intime qu’un être entretient avec lui-même.
La question n’est pas de vivre une vie où tout risque est exclu dans la mesure où le risque fait partie de la vie. Il s’agit plutôt d’identifier et de limiter toutes les occasions où le Moi, soumis aux injonctions des organisations intramoïques que sont la résistance du Surmoi et l’Autre non barré, expose le corps à des dangers potentiels alors qu’il a à l’esprit les effets pouvant être produits par les risques pris.
Cette manière de s’exposer et de ne pas se traiter avec soin constitue une expression de la haine éprouvée psychiquement. Celle-ci n’est parfois pas même identifiée par la personne elle-même. Et pour cause, les racines de cette haine se trouvent aux fondements de la vie psychique, bien plus éprouvée que pensée. Pourtant, faute que cet éprouvé puisse être exprimé, celui-ci fait retour et se trouve agi. Cette haine, d’abord éprouvée à l’encontre d’autrui, est rapidement réprimée psychiquement car jugée comme non tolérable. Retournée contre soi, elle prend la forme de comportements auto-agressifs. Ce peut être le cas, par exemple, d’un désir de vengeance éprouvé et qui, évalué comme non recevable, va être retourné contre soi et ouvrir la porte à de mauvais traitements pour soi-même.
Reconnaître la haine, un pas déterminant dans le traitement
Ainsi, ces expressions de haine, dont les formes sont très nombreuses, se retournent contre la personne propre et la précipite vers sa destruction.
La visée psychanalytique consiste à ralentir les pulsions de destruction qui visent toujours l’anorganique.
Ainsi, la psychanalyse, tout comme la psychothérapie avec psychanalyste, offre une alternative à ces comportements en proposant à l’être de venir parler et associer librement ses pensées. Cette offre ouvre la possibilité de construction d’une voie libidinale alternative permettant que ces passions humaines puissent être parlées et écoutées, sans plus être agie dans la vie quotidienne.
Docteur Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è
