L’urgence concernant la santé mentale des jeunes
Ce jeudi 2 juin 2022, la Défenseure des droits, madame Claire Hédon, a appelé la Première ministre, madame Elisabeth Borne, à réagir urgemment concernant la détresse des jeunes et la gravité de la situation les concernant.
Cet appel concerne avant tout la santé mentale des jeunes, pour laquelle les mesures prises jusque-là sont jugées très insuffisantes par la Défenseure des droits. Celle-ci explicite que les deux années passées, qui ont été marquées par la pandémie, ont clairement aggravées la situation. Ce qu’elle indique par-là, c’est qu’une situation critique préexistait, situation qui n’a fait qu’être renforcée par la situation sanitaire que nous avons connue récemment.
Elle évoque par ailleurs des prises en charge régulièrement inadaptées. Cette fois, ce constat est dramatique tant pour les jeunes mal accompagnés que pour les équipes soignantes, mises en difficultés par une organisation des soins qui ne permet pas un accompagnement adapté. Prendre la mesure de cette situation et y réagir de manière ajustée implique de remodeler le système de soin dans son ensemble, tant dans le fond que dans la forme.
Les recommandations formulées par la Défenseure des droits ciblent notamment davantage d’accompagnement à la parentalité, l’ouverture de nouvelles maisons des adolescents et une amélioration des structures d’accueil des jeunes enfants.
Quelle réponse, pour quelle prise en charge ?
Devant la saturation des institutions publiques ou associatives, la réactivité des professionnels de santé psychique installés en ville est, pour une partie de la population concernée, une réponse appropriée. Cependant, pour une autre partie de cette population, la question financière peut représenter un frein, au point parfois de ne pas entreprendre cette démarche pourtant nécessaire. Le gouvernement tente d’y remédier en proposant la prise en charge d’un nombre limité de séances chez le psychologue. Si cette initiative part d’un bon sentiment, sa circonscription à un nombre restreint de séances est un biais à la dimension clinique du soin dont il est question.
C’est pourquoi certains cliniciens sont engagés – et ce depuis bien avant la vague épidémique et la dégradation des prises en charge en santé mentale –, à recevoir les personnes en souffrance psychique en fonction de leur possibilité financière. Il s’agit d’une position clinique où la dimension financière du soin peut être intégrée comme un outil clinique et non plus comme une finalité.
Chloé Blachère
Psychothérapie et psychanalyse à Paris 18è